Je me demande ce qui se passerait si une cour d’assises galactique devait juger l’Homme pour les crimes commis envers les autres espèces et la Nature dans son ensemble. Plaiderions-nous coupable ? Plaiderions-nous l’irresponsabilité ? Ou encore, plaiderions-nous le fait qu’il n’y avait pas de crime en premier lieu puisqu’il n’y avait pas de conscience envers qui faire du mal, pas de propriétaire auquel nous aurions pillé, volé ou dévasté une possession ? Ah, ça c’est une bonne défense. Ma foi, les seuls lésés seraient nous-mêmes ou nos enfants et descendants. Et comme nous ne sommes que des cerveaux et que quand on meurt tout est fini, il n’y aurait pas de suite donc pas de poursuites. On s’en sort avec un non-lieu.
Par contre, si le tribunal considère que chaque espèce est dotée d’une conscience non physique au même titre que l’être humain, que chacune concourt à la survie de l’ensemble, y compris l’espèce humaine, nous nous trouvons dans un cas d’extermination massive d’êtres vivants avec, circonstances aggravantes, la destruction à grande échelle des milieux et habitats terrestres et aquatiques – là on est mal !
Évidemment, si les vies végétales et animales ne sont rien d’autre que des objets, actions, développements ou réactions purement chimiques, il n’y a aucun problème éthique à détruire des espèces ou des habitats. Auriez-vous un problème de conscience à démolir une table en aggloméré ? Bien sûr que non. Pareillement pour les éléphants. Quel serait le problème de conscience si ceux-ci n’étaient que viande purement matérielle. Par contre, si comme je le crois les espèces animales ou végétales ne sont pas si dissemblables de nous, qu’elles ont une sorte d’âme ou d’esprit qui les anime, ces formes de vie ont autant le droit de vivre et d’aimer que l’être humain. Dans ce cas, la Terre n’appartiendrait pas uniquement à l’Homme. Nous la partagerions avec d’autres espèces vivantes, autrement dit dotées de conscience.
J’irais même jusqu’à penser que si la Vie ne nous tue pas, c’est que nous pouvons encore l’aider. Curieuse vision, n’est-ce pas ? Nous sommes parvenus à un tel niveau de développement que nous pouvons réparer la Nature, l’aider à rétablir son équilibre. Non seulement ça, mais nous pourrons l’aider à s’installer et à conquérir d’autres espaces, d’autres planètes et un jour, d’autres galaxies. Nous visons les étoiles, nous rêvons d’autres mondes, mais qui sait si d’autres formes de vie n’aimeraient pas voyager loin, elles aussi ?
Ce qui est curieux est l’héritage persistant de l’esprit de supériorité de l’Homme vis-à-vis d’autres races ou d’autres espèces. Il semble que l’on ait toujours le droit de polluer et d’anéantir des pans entiers de vie sans qu’aucune forme de culpabilité morale ou légale s’ensuive. Mais tout cela est en train de changer. Avons-nous pris conscience que le futur a une importance ? Il semble bien que oui. Est-ce suffisant ou suffisamment rapide ? Non, car les forces de destruction sont encore largement actives. De plus, une grande partie de la population mondiale souffre du manque d’eau potable, de nourriture adéquate et autres soucis vitaux, ce qui place les soucis écologiques au dernier rang des problèmes à résoudre. Pourtant, si l’on ne traite pas l’écologie en priorité, les problèmes de ces populations ne feront que croître jusqu’à l’insoutenable. Cela risque de devenir très compliqué.
C’est là où l’éducation entre en jeu. Un système politique commence par un arrangement ou un agencement d’idées. L’économie commence par des idées. Un changement d’économie commence par un changement d’idées. Comment change-t-on des idées à grande échelle ? Par l’éducation. Si l’écologie progresse aujourd’hui, c’est grâce à la découverte et à la transmission d’idées, d’informations, de données diverses. C’est l’éducation. On n’éduque pas uniquement des élèves à l’école ou dans la famille. C’est une activité qui se pratique toute la vie. Nous verrons cela dans les articles ultérieurs. C’est comme si, en tant qu’esprit, on se programmait pour telle ou telle activité, pour tel ou tel milieu. On acquiert, accumule et classe des savoirs et des savoir-faire pour réaliser certains objectifs, acquérir une éthique, subvenir à ses besoins et ceux de sa famille, travailler, aider ou contribuer, etc.
L’éducation est étroitement liée au sujet de l’organisation. Et là, je dois dire que cela n’éveille guère l’intérêt. Pourtant, c’est par l’éducation et l’organisation que nous serons capables de changer la donne au niveau mondial, pas seulement associatif.