Nous pourrions définir l’éducation comme l’acquisition de données bien comprises et correctement évaluées ainsi que la maîtrise des savoir-faire indispensables à la vie ou l’activité dans un milieu donné.
L’éducation est une activité qui se poursuit bien après l’école – toute la vie durant. Dans un environnement changeant rapidement et constamment, un esprit doit pouvoir acquérir de nouvelles données en observant, en communiquant ou par n’importe quel moyen fiable. Il doit être capable de remettre en question des modèles de conduite inappropriés, réévaluer ses données acquises, acquérir de nouveaux savoir-faire, une nouvelle éthique, des systèmes de défense et de survie.
Un être s’en sort dans la vie s’il peut échanger ses savoir-faire contre des moyens de subsistance, de confort ou d’agrément. Il fournit un service, un talent, une aptitude contre ce dont il a besoin pour vivre et mener une existence décente. « De quoi avez-vous besoin, comment puis-je vous aider et qu’est-ce que vous me donnez en échange ? » C’est l’accord gagnant-gagnant.
Ce qui amène une autre question :
Quelle quantité et quelle qualité de savoir-faire sont nécessaires pour que n’importe quel esprit participe et échange avec les milieux qu’il va rencontrer, des milieux évoluant continuellement, de surcroit ? Cette question détermine les programmes éducatifs. Mais plus précisément, elle détermine le programme éducatif de chaque élève, de chaque esprit.
Si vous êtes d’accord avec l’idée, il ne s’agit plus d’une réforme, mais d’une refonte totale des bases du système scolaire.
Dans un tel système, ce ne sont plus les esprits – les élèves – qui sont « programmés » selon leur âge. Ce qui est programmé est la matière, par degrés de savoir-faire. Nous pourrions diviser chaque matière en 100 degrés ou niveaux, avec des qualités requises de l’élève pour chaque degré.
Chaque esprit étant totalement différent d’un autre, nous aurons des programmes adaptés à chacun pour chaque matière. Chaque élève suivrait son programme pour chaque matière sans contrainte de temps. Il travaille son niveau jusqu’à ce qu’il ait acquis le savoir-faire enseigné à ce niveau.
Mais la clef de tout le système est l’autonomie. On rend l’élève autonome le plus rapidement possible, matière par matière. Cela dépend de chaque élève. Le rôle du professeur est de rendre l’élève autonome matière par matière. Une fois que l’élève est autonome, il peut foncer ou pas, selon le résultat visé à chaque étape de sa progression dans le sujet.
Autrement dit, on laisse les génies avancer à fond dans leurs études sans aucune entrave. Et les élèves lents ou plus lents travaillent à leur allure du moment qu'ils obtiennent leurs savoir-faire à un niveau satisfaisant. Le point est qu'on ne fait pas des gens médiocres. On ne fait pas des gens égaux. On fait des gens compétents. Comme chaque esprit est fondamentalement différent, on travaille avec des aptitudes différentes, des affinités différentes, des objectifs de vie différents. Chaque élève obtiendra ses propres compétences et savoir-faire.
L’entraide est encouragée. Celui qui est particulièrement doué dans une matière peut aider un autre élève en difficulté. La vie est faite d’aide et d’entraide, d’échanges de bons procédés. Ceux-ci sont encouragés dès le plus jeune âge chez les élèves.
Le professeur a un rôle privilégié dans la pratique. Il est le guide, le spécialiste du sujet.
Ce système a un autre avantage et pas des moindres pour le professeur. Il n’est plus un garde-chiourme. L’élève qui suit un cours est sous sa propre responsabilité. On rend l’élève autonome et responsable de son savoir et de son savoir-faire. On l’aide à rechercher les données manquantes, à clarifier les points difficiles ou flous. Il ne suit pas un cours parce qu’on l’y oblige. Il suit un cours parce qu’il veut apprendre et apprendre à bien faire. On lui indique où et comment trouver des données fiables, des méthodes de travail, etc.
Il peut passer des examens à intervalles réguliers pour s’assurer lui-même qu’il a saisi le sujet du cours pour ce niveau.
Tout est à créer, tout est à construire.
Il y a deux règles morales :
- On ne laisse tomber personne ;
- L’échec est interdit.
Ce qui nécessite de définir ce qu’est « réussir » et ce qu’est un échec. Nous développons d’autres critères. Nous ne courons plus après les diplômes, mais après les savoir-faire.
Quant aux notes, mais quelles notes ? Plus besoin de ce vieux système. On sait quand le travail est bien fait ; c’est quand on a acquis le savoir-faire. Il suffit pour le professeur de vérifier si l’élève a acquis l’action précise dans un savoir-faire particulier, pour un certain niveau. La même action à un niveau plus élevé demandera plus d’exigence.
On lâche la bride. Les élèves s’organisent comme ils le veulent. Ils avancent à leur rythme, On leur fait confiance, car on sait que ce sont des esprits responsables. Ils sont sur le cours ? Alors ils sont responsables de leurs savoirs et savoir-faire. Ils auront besoin d’aide, pas de garde-chiourme.
Vous comprenez, nous mettons le cap vers l’objectif d’une planète totalement dépolluée, les écosystèmes réhabilités, une relation harmonieuse entre l’Homme et la Nature.
C’est ce qu’on veut atteindre à quelque point dans le futur. Nous aurons besoin d’une armée de génies, d’ouvriers, de techniciens, d’ingénieurs, de patrons charismatiques, de gens du marketing (pour promouvoir l’objectif et les produits nécessaires) ; nous aurons besoin de gardes qui préserveront les zones dépolluées, nous aurons besoin de toutes sortes de métiers, car c’est un nouveau système économique que nous fondons.
Cette école formera des esprits libres, responsables, confiants, compétents, quels que soient leurs niveaux respectifs ; cette école formera des génies, des esprits inventifs qui créeront la nouvelle science de l’environnement.
