Youman Being entra dans la taverne , chassant comme il le pouvait de son gant rapiécé l'ambiance suspecte et enfumée qui y régnait. Balayant de son regard la morne assemblée , il l'arrêta finalement sur une table inoccupée, dans un coin qui deviendrait, il l'espérait, son île de tranquillité pour la soirée. Afin de bien faire passer son message, il se redressa et rejoignis sa table d'un pas assuré et le regard aussi vif que possible. Hors de question de se faire chercher des noises par cette bande de poivros, ni de ressembler à une victime facile pour les quelques voleurs qui devaient sûrement siéger à chaque table. Poivros, voleurs, ivrognes ; la caboche aussi amochée que leur sens de l'équilibre par toutes ces journées passées en mer, Youman Being connaissait bien les pirates pour en être un lui même. Tous, ils portaient derrière leurs yeux vitreux le rêve de faire couler entre leur doigts l'immense trésor de Gol D Roger, devenir le Seigneur des Pirates. Seigneur des Pirates ! L'idée arracha un sourire aux lèvres sèches de Youman et il se demanda bien ce que pouvait dire le titre de Seigneur dans ce monde dirigé par des Empereurs corrompus , des Corsaires égoïstes et une Marine autant plus douteuse. Sourire sec pour un humour sombre, ses lèvres retrouvèrent bien vite cette moue lasse qui habillait depuis longtemps son visage. Lui, il ne cherchait pas à être seigneur ! Plus lucide que les autres, il se vantait d'avoir compris que, dans la vie, il faut faire son chemin sans regarder les étoiles. Il profitait même de ces regards rêveurs, parfois moins attentifs, pour voler ce que l'inattention lui rendait légitime. Qui ne protège pas sa bourse, appelle à la détrousse pensait-il ! Comme tous finalement mais, attention, lui il était lucide ! Il ne se faisait pas avoir, ni par les autres, ni par les rêves. « Seigneur » !« Trésors » ! A défaut de pouvoir en partager un grand les pirates s'en volaient des petits et l'élan vers l'aventure ne se résumait plus à présent qu'à celle de réussir une bonne arnaque.Les navires n'avançaient plus, ils étaient devenu aveugles car, chacun trop occupé à guetter la poche du voisin ou la grimace de souffrance qui leur ferai oublier la leur, ne regardait plus vers l'horizon...
Son corps lui sembla peser bien lourd quand Youman s’assit enfin sur sa chaise et, d'un geste précis, commanda à boire. Pas de chance, il avait ramené un peu de peine avec lui sur son île de tranquillité et, la peine, ça ne laisse jamais tranquille. Il inspira un grand coup et se senti un peu mieux de sentir l'air parcourir l'intérieur de son corps. Quand il expira, son souffle fit vibrer une mèche de ses cheveux tombé devant son visage, l'enmenant alors au pays des souvenirs. Il se demanda comment l'homme qui peut produire du vent avec sa bouche n'arrive pas à écouter celui du monde pour se laisser guidé vers le bonheur. Pris dans ses pensées, il n'aperçus qu'à peine l'aubergiste lui apporter une chope emplis d'un liquide jaunâtre. Il revint un peu à la réalité et voulu demandé à l'aubergiste ce qu'était cette mixture à l'odeur surprenante mais ce dernier avait déjà tourné les talons et Youmen n'osa pas lever la voix de peur de se faire remarquer. Se faire remarquer...tiens comme l'autre type assis à quelque table de lui. Youman l'observa attentivement car il semblait...comment dire...briller. Quelque chose de son allure sans doute, sa façon de se tenir. Ca ne pouvait guère venir de ses vêtements car il portait plus ou moins les mêmes frusques que les autres. Il semblait tout à fait de la même trampe que les autres et pourtant Youman ne pouvait en détacher son regards, intrigué comme on l'est devant un mystère. Il sursauta quand l'homme lui fit un joyeux sourire en levant sa propre choppe. Confus et mal à l'aise, Youman se tourna un peu sur sa chaise et fit mine de s'absorber dans la contemplation d'une entaille sur la table en bois. Ce ne fut donc qu'au dernier moment qu'il réalisa que l'homme s'était approché de sa table, sans sabre à la ceinture mais le sourire aux lèvres. Youman se dit qu'il aurait préféré qu'il s'approche armé plutôt qu'avec ce sourire désarment. L'homme lui demanda si il pouvait s’asseoir avec lui. Youman paniqua, son île était accosté ! Sortez les canons, préparez vous à l'abordage ! Ayant pour seul équipage sa peine et sa panique, il ne réussis qu'à faire un vague signe de tête que l'autre traduisi manifestement par un oui puisqu'il pris une chaise et l'installa en face de Youman. Il se demandait qu'elle fruit avait bien pu manger celui là pour se balader ainsi avec son sourire et son culot.
« J'espère que je ne vous dérange pas, je ne suis pas d'ici et je commençais à m'ennuyer, seul avec chop-chop, dit-il en agitant sa choppe, y créant ainsi de minuscules vagues.
Comme Youman ne répondait pas, l'esprit englué par la surprise et le manque d'habitude l'autre continua :
« -J'imagine que vous êtes pirates, sur quel navire êtes vous ?
-
Heu...je... , il se racla la gorge et se redressa pour reprendre un peu de contenance, je ne navigue pas en ce moment
-
Ah je vois, ma foi ça doit vous manquer la mer, les aventures ! Aviez-vous un bon capitaine sur votre précédent navire ?
Youman répondit avec un petit rire :
Il lança à l'autre un regard entendue, sachant par habitude que critiquer et se plaindre étaient souvent la base d'une conversation qui mettait tout le monde d'accord. Il perçut pourtant dans le regard de son interlocuteur une véritable et sincère tristesse ce qui retira en un instant tout le comique qu'il avait cru créer.
« Ah, vous n'avez pas du être très heureux » lui dit l'homme en le regardant dans les yeux. Youman chercha en vitesse une bonne répartie mais, n'en trouvant pas se contenta de faire non de la tête. Il était bien pénible cet étranger qui ne comprenait pas ses blagues ! Et puis qu'est-ce qu'il lui voulait au fond ? Qu'il lui paye son verre ? Lui voler le peu de monnaie qui alourdissait sa poche ? Mais Youman fut tiré de sa colère montante quand l'autre repris :
« Moi aussi je n'ai pas été heureux sur tous mes navires. J'ai surtout été déçu et, avec la fatigue, ça me rendait triste. Quand j'étais vraiment trop triste je me racontais pour moi seule cette vieille légende que l'on m'a lu une fois, une histoire des Ponéglyphes...
-Comment ça une histoire des Ponéglyphes ? Vous en avez entendu !? Comment est-ce possible ? »
La surprise était telle que Youman avait parlé plus fort et quelques têtes s'étaient tournées vers eux. Il rentra sa tête entre ses épaules et continua plus bas :
« Que savez-vous du Siècle perdu ? On dit que peu de gens on eu l'occasion d'en savoir sur la Véritable Histoire.
-Oui vous avez raison j'ai eu de la chance. C'est un certain Rylay qui me l'a raconté, un brave type, un intime de Gold D roger. Je peut la raconter si vous voulez. »
Face au regard pétillant de curiosité de Youman, l'étranger commença son récit.
« Il y a bien longtemps, avant le Navire de la promesse, avant Joy Boy, avant même que les trois armes furent créer la piraterie existait déjà et, dans les termes, elle n'était pas très différente de celle d'aujourd'hui. Comme aujourd'hui, chaque être humain portait dans son cœur et dans son corps un rêve : celui de trouver des trésors. Comme aujourd'hui ils se rassemblaient en équipage et embarquaient sur des navires... »