Difficile de classer ce projet, entre Démocratie, Technologie, Economie solidaire et Culture (Arts) ... alors autant investir cette catégorie vide jusqu'alors !
Après une expérience (gaiar.com) où j'ai pu réfléchir l'intégration d'outils de gestion des oeuvres dans la blockchain Ethereum (identité, preuve de dépôt, édition de contrats, diffusion, monétisation), il m'est apparu finalement évident qu'il fallait aller plus loin dans le repositionnement des acteurs et intermédiaires des ICC (Industries Culturelles et Créatives).
Ainsi, il faut placer un tel projet dans l'économie solidaire et coopérative, de sorte que cet écosystème profite à tous, qu'il produise des communs, que les dividendes soient réinjectés directement dans la production.
Nous avons en France un statut de société coopérative spécial, celui des SCIC (Société coopérative d'intérêt collectif), qui se trouve être tout à fait compatible avec les caractéristiques et outils de gouvernance des blockchains.
La première idée est donc d'imbriquer une société coopérative dans une blockchain, et inversement.
Ensuite, la réflexion sur la recherche de public m'a amené à penser que les auteurs pourront emmener leurs publics hors des plateformes actuelles seulement si l'environnement est innovant. Si c'est pour refaire une énième plateforme disposant les oeuvres en "rangs/colonnes", avec un champ de recherche et un algorithme tout pourri de suggestion, ça ne branchera personne.
En travaillant la catégorisation des arts (pour cette plateforme de startup), il m'est venu une image, que mes associés de l'époque ont trouvé loufoque, mais que les gens que je rencontre depuis aiment bien : une planète virtuelle, avec une géographie figurant des continents pour ces 6 genres : 1) la littérature 2) les arts visuels 3) la musique 4) le spectacle vivant 5) l'audiovisuel 6) le jeu vidéo. La disposition de ces continents permet de positionner des arts transversaux (la danse connectée à la musique et au théâtre, la BD connectée aux arts visuels et à la littérature, ...).
La polarité des pôles : le nord est le virtuel, le sud est le réel, et donc selon le mode de production, de représentation et de genre de chaque oeuvre se définit probablement sa latitude.
Une cartographie primaire serait (est en cours de) définie, avec ces continents et leurs capitales. Pour le reste, tous les utilisateurs, regroupés en 9 collèges selon leur fonction, peuvent peupler la planète et définir leurs villes, villages, hameaux, sites événementiels ... dans un environnement 3D open source (l'idée : portail de la consultation d'oeuvres en VR en ... 2050 ?). Et le tout de façon ouverte et dynamique, de sorte que si certains fans de punk rock joué au ukulélé ne sont pas satisfaits du premier village qui lui est consacré, ils pourront tenter l'expérience ailleurs. On pourra trouver dans chaque ville des espaces pour la figuration et l'exposition (maisons d'auteurs, musées,...), pour les rencontres et les collaborations (ateliers, studios, ...), pour la consultation (salles de concerts, de projection, ...), pour la fête (festivals, clubs, ...), pour jouer ... et aussi les organes de démocratie de chaque lieu, ou seront représentés, de la même façon que les collèges de la maison mère, les utilisateurs présents dans cet espace urbain, et qui pourront en définir les règles (réglementer l'usage de la pub, définir les règles d'urbanisme, ...).
Imaginez simcity sur google earth !
Le tout serait donc un environnement ouvert pour le référencement des arts, des oeuvres, des auteurs et des acteurs des ICC, pour leur consultation, leur affiliation, leur curation ... et un outil multiple pour développer l'économie digitale de chaque ayant-droit et chaque créateur. Ecosystème planté dans une société coopérative, dont les capitaux et les bénéfices resteront au service de ses acteurs, avec chaque année une redistribution des dividendes pour la production de projets de créateurs, décidée par des utilisateurs tirés au sort par exemple ?
Côté techno, je ne vais pas m'attarder ici dessus, mais probablement une blockchain hybride, pour que les transactions courantes ne fassent pas chauffer les centrales électriques, mais utiliser les ordinateurs de tous les utilisateurs pour la mutualisation de la bande passante, façon peertube (qu'il faudrait surement associer).
Une méta-plateforme, qui permet de les accueillir toutes, d'en créer autant, ou d'évoluer dans cet environnement ouvert.
Gros projet, qui m'anime depuis un moment !
Je viens d'ailleurs de m'installer sur Rennes (juste à côté) pour cela, car il me semble que c'est un bon endroit pour lancer un tel projet, une ville qui réussit bien le triptyque Culture/Tech/Economie Solidaire. Reste à convaincre la préfecture d'Ille et Vilaine de tenter cette expérience de société coopérative numérique, une réconciliation de deux mondes plutôt opposés aujourd'hui.
L'idée est de rassembler une large équipe pour lancer les travaux, dont des ateliers pour :
- Elaborer un droit d'auteur idéal, écrire les contrats (j'ai des idées bien avancées à confronter) et définir tous les ponts d'ancrage pour leurs paramétrages et interconnections
- Ecrire les règles de gouvernance principales
- Finaliser la cartographie (j'ai un brouillon déjà bien avancé)
- Définir la blockchain idéale, puis forker celle qui s'en rapproche le plus
- Développer une plateforme beta, UX front end autour de cette planète, backend blockchain, ...
- Equipe opérationnelle
...
Une association loi 1901 sera créée à terme, rassemblant l'ensemble des fondateurs, qui travailleront jusqu'à la transformation de l'asso en SCIC. A ce moment là, le temps de travail effectué par chacun sera évalué et constituera un apport en capital de la société. Nous serons donc les premiers actionnaires de cette société ouverte à tous.
On est dans le temps long, rien ne presse, et il ne s'agit pas là de fonctionner comme une startup.
Les publics ne sont pas encore prêts à utiliser des cryptomonnaies, les blockchains sont encore perfectibles ... mais le timing me semble bon pour démarrer ce projet, qui mettra probablement qq années à émerger.
Mes premières rencontres à Rennes sont prometteuses, mais toutes les bonnes volontés sont les bienvenues, et un tel projet ne marchera que s'il est pleinement ouvert.
Vous pouvez consulter une version un peu plus détaillées de ce que je propose ici (et désolé d'avoir planté ça chez glouglou, mais voilà, je ne suis pas webdesigner) :
www.laplanetedesarts.fr
Au plaisir d'échanger avec qui voudra discuter de tout ça !