Je ne sais pas si vous en êtes l'auteur, mais je me souviens d'avoir vu un ou plusieurs reportages de qualité sur les jeunes lutteurs sénégalais.
Les médias majeurs occidentaux nous ont sensibilisés au problème de ces naufrages. Malheureusement, lls ont la fâcheuse habitude de privilégier les aspects spectaculaires et émotionnels de ces événements au détriment de l'analyse des causes profondes de ces désastres.
Certains occidentaux se sentent menacés par l'immigration clandestine et le manque d'information sur ce phénomène entretient ce sentiment. On oublie que ces immigrants contribuent à notre bien-être, car ils constituent une main-d'oeuvre bon marché qui s'acquitte des boulots les plus ingrats que nous avons tendance à dédaigner.
On perd de vue que les naufragés ont été traumatisés par leurs périples, les médias ne consacrent que peu de temps aux récits qu'ils pourraient en faire, en contraste flagrant avec le naufrage du Costa Concordia. Ceci accentue encore l'impression que ces immigrants soient traîtés comme des parias. On va les inclure dans la catégorie des immigrants économiques voire clandestins, on va souligner la cupidité et la cruauté des passeurs et la corruption dans les pays d'Afrique et on passe à la nouvelle suivante.
J'ai moi-même émigré au Canada, je sais ce que cela représente d'avoir une famille et des amis répartis sur 2 continents. C'est une des raisons pour lesquelles j'évite de mettre des ressources dans un voyage en Afrique.
Par contre, je suis en contact suivi avec des immigrants au Canada d'origine africaine. C'est ainsi que j'ai rencontré un Sénégalais qui se lançait dans l'importation de poissons frais pêchés au Sénégal. À l'époque, le gouvernement avait interdit la pêche aux pêcheurs étrangers dans les eaux territoriales, pour protéger l'activité locale, initiative un peu tardive vu l'épuisement des stocks. Les compagnies de pêche étrangères ont alors créés des compagnies de pêche locales, mettant ainsi en péril, la pêche artisanale et son marché local .
Je pense que les candidats africains à l'immigration sont conscients des difficultés qu'ils s'apprêtent à affronter dans leurs périples. Ce qu'ils savent moins, ce sont celles qui les attendent un fois arrivés en Europe. Ils prennent ces risques parce qu'on les a privés des moyens de subvenir aux besoins de leurs familles et parce que l'immigration légale a été truffée d'obstacles et de tracasseries administratives qui la rendent impossible.
Reste l'immigration choisie. Cette dernière est un moyen mis en place par les pays occidentaux pour permettre l'immigration des plus talentueux et éviter l'inquiétante immigration de masse. C'est aussi une façon d'éviter de financer l'éducation de travailleurs diplômés et c'est particulièrement destructeur pour les pays pauvres.
Ce phénomène prive les états africains de gens talentueux capables de prendre leurs destins en main, ce qui entraîne tous les aléas que l'on constate dans ces pays.
C'est pour toutes ces raisons que je considère que le désastre des naufrages d'immigrants en mer aura ses solutions en Afrique, et qu'il est impératif pour nous d'en combattre les causes enracinées en Occident et en particulier, en Europe et en France.