A la question posée faut-il ralentir la progression de l'IA, je pense qu'il faut faire appel à l'histoire de l'industrialisation de l'Europe dans les années 80 pour trouver des éléments de réflexion. La France a ''raté'' cette phase d'industrialisation par peur de l'arrivée des robots dans les usines. Les syndicats de l'époque ont réussi à freiner l'intégration de la machine-outil à commande numérique au nom de l'emploi. L'Allemagne quant à elle a eu une démarche strictement inverse et a renforcé sur la durée son industrie, secteur qui a généré du développement d'expertise de pointe et de l'embauche entre 80 et 2000.
La question est donc d'épouser l'arrivée de l'IA, canaliser une énergie nouvelle pour en faire un facteur additionnel de résolution de la complexité. Il est de la responsabilité des neurosciences d'être chevillées aux usages fait de l'IA quant à un déterminisme de l'espèce.
A travers le digital, ses exigences de transversalité et d'ubiquité, les entreprises réussissent à se désiloter, à faire travailler de concert les métiers et l'informatique. Un élan de créativité voit le jour, d'idéation. Ce qu'on peut craindre selon moi, c'est que l'IA tue ce nouvel élan de création. Pourquoi ? Aujourd'hui, l'IA répond au fantasme de la boule de cristal, de prédire le futur grâce à son usage dans le prédictif, on avance désormais sur des modèles prescriptifs, c'est à dire que non seulement l'IA prédit mais propose la solution pour anticiper. On peut craindre que le prochain pas soit le ''directif'', c'est à dire que nous n'ayons plus le choix de ne pas suivre la prescription. Pour un véhicule autonome c'est super, mais pour notre vie professionnelle ou personnelle, c'est inacceptable.
Pour que IA empathique ne soit pas une oxymore, la résistance à l'IA s'impose par l'esprit critique, la subversion, la créativité, la culture générale.